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LE GOÛT DE L’ÉNERGIE LOCALE, DURABLE

25.02.2020

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Recours au bois local via un chauffage à distance, consommation de mazout divisée par quatre, 10 % déjà de l’électricité d’origine solaire, le reste certifié hydraulique, froid prélevé dans l’environnement : « durable » prend plus d’un sens chez Camille Bloch SA, dont les spécialités chocolatières sont un succès jamais démenti depuis les années 1940.

Entre l’isolation des premiers bâtiments de Camille Bloch, à droite, et les exigences appliquées à ceux inaugurés en 2017, l’ensemble du site répond désormais quasiment aux normes Minergie.

Fondée en 1929 à Berne, la chocolaterie Camille Bloch SA s’est déplacée en 1935 à Courtelary, dans le Jura bernois, dans une ancienne fabrique de papier proche d’une petite rivière, la Suze. Elle y emploie aujourd’hui près de 200 personnes. Cinquième en taille des fabricants suisses de chocolat, Camille Bloch produit environ 3 500 t de chocolat par an : le fameux Ragusa, né en 1942, la gamme Torino initiée en 1948 et des chocolats fourrés à la liqueur. 20 % de cette production sont exportés. En Suisse, la part de marché a doublé en moins de dix ans, passant les 5 %. Successions familiales, agrandissements et transformations ont rythmé le progrès régulier de l’entreprise. De récents aménagements permettront à terme un doublement de la production. Inaugurée en octobre 2017, l’extension incluant un superbe espace d’accueil pour les visiteurs illustre pleinement une volonté aboutie d’efficacité énergétique. « Entrée à l’AEnEC en 2014, Camille Bloch SA est un participant ouvert à l’innovation et au changement, qui agit avec ambition et rapidité », apprécie le conseiller AEnEC Fabrice Marchal.

MAÎTRISE DU CHAUD, DU FROID …

Un chocolatier soigne l’emballage de ses produits, Camille Bloch a soigné aussi celui de ses installations. « Entre l’isolation de bâtiments hérités d’un temps où économiser l’énergie n’était pas une priorité, et les hautes exigences appliquées aux bâtiments neufs, l’ensemble du site est quasi aux normes Minergie », souligne Jean Kernen, le directeur industriel. À l’intérieur, au long des chaînes de production, c’est avec une même efficacité qu’on souffle le chaud et le froid requis pour la fabrication de spécialités chocolatières. Les fèves de cacao ou noisettes appelées à se muer en pâte sont torréfiées puis moulues pour engendrer une masse liquide. Celle-ci est additionnée d’ingrédients secs – sucre, poudre de lait – et pétrie. La pâte obtenue, granuleuse, est encore broyée, affinée. Intervient alors le mélange avec le beurre de cacao, préparant au « conchage », un brassage intensif à 60 °C pendant 12 à 24 heures, par tranches de 3 à 6 t. S’ensuit le tempérage, avec un premier refroidissement à 45 °C pour le stockage puis un second à 27 à 30 °C lorsque le chocolat est coulé dans les moules aux formes qui nous sont familières.

UNE CONVERGENCE EXEMPLAIRE

« L’essentiel de notre chaleur provient depuis 2016 d’un chauffage à distance au bois. Celui-ci est né en 2015 de la volonté d’un entrepreneur de Courtelary de répondre avec du bois de la région aux besoins de chaleur tant des particuliers que de la commune et des institutions et entreprises intéressées », relate Jean Kernen. Camille Bloch est désormais approvisionné en énergie renouvelable, et « La Praye Energie SA » s’est attaché un gros consommateur de chaleur en toute saison, ce qui participe à la viabilité de son projet. De plus, une conversation fortuite de l’entrepreneur avec le directeur d’une cimenterie voisine, elle aussi participante AEnEC, a mené à ce que les cendres, plutôt qu’être stockées inutilement – et coûteusement – en décharge, entrent désormais dans la composition de ciments, ce qui réduit la quantité de calcaire brûlée pour leur production, et donc les émissions de CO2 inhérentes. S’agissant de bilan carbone, celui de Camille Bloch a fort évolué. « Le recours au bois local a fait passer notre consommation de mazout de 230 000 à 57 000 l annuellement – la chaudière à mazout reste en place pour le secours et l’appoint », précise Jean-Philippe Simon, responsable Infrastructures. La chaudière à copeaux assure le chauffage des locaux et de quasi tous les systèmes impliqués dans la production de chocolat : conduites à double manteau dans lesquels celui-ci circule, cuves de travail et de stockage – seuls quelques corps de chauffe pour des fonctions spécifiques utilisent l’électricité. Autre source renouvelable, le photovoltaïque déployé sur le toit apporte 350 000 kWh annuellement. L’installation a été stimulée par un progrès de la loi, « sans la possibilité d’autoconsommation, nous ne l’aurions pas intégrée », remarque Jean Kernen. Le solaire assure désormais 10 % des besoins électriques. Le reste des 3 GWh que nécessite annuellement la fabrique sont renouvelables également, certifiés d’origine hydraulique.

RENOUVELABLE ET ÉCONOMIES

La part d’électricité pour le brassage du chocolat s’est réduite de manière spectaculaire quand un « héritage » du passé, 11 moteurs à vis sans fin de 2 kW qui nécessitaient de fonctionner en permanence ont été remplacés par un moteur de 0,55 kW avec réducteur à engrenages qui ne tourne que 5 à 10 minutes par heure. « Même résultat mais avec une économie d’électricité de 94 %. », se félicite Jean-Philippe Simon, soulignant des économies également pour le circuit d’air comprimé, grâce à de nouveaux équipements, redimensionnés, et des temps d’usage judicieux. Quant à l’autre versant des exigences thermiques, le froid, « il est aussi en partie d’origine hydraulique. Le pompage concédé de 115 000 m3 par an d’eau de la Suze voisine livre l’équivalent de 800 000 kWh thermiques. Et depuis 2013, du froid provient aussi d’une installation de free cooling ainsi que de pompes à chaleur intégrées à certaines machines. » La chaleur récupérée sert au chauffage de l’eau sanitaire tout comme celle gagnée en cours de production sous forme de vapeur condensée, et celle captée sur les compresseurs du circuit de froid. « Nos efforts portent autant sur la réduction de notre consommation que sur l’utilisation de sources d’énergie renouvelables », résume Jean Kernen. « Nous faisons tout ce qu’il est raisonnablement possible de faire et sommes prêts à investir un peu plus pour mettre en oeuvre des solutions durables. »

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