Ce 22 novembre, l’AEnEC a rassemblé, à l’occasion de son 23e Forum romand tenu au Switzerland Innovation Park de Bienne, 120 représentants d’entreprises et d’administrations, ingénieurs, techniciens et chercheurs. Au menu : efficacité énergétique, décarbonation et économie circulaire dans la double perspective des progrès techniques et des évolutions législatives en Suisse mais aussi dans l’Union européenne.
En 23 ans d’existence, l’AEnEC s’est installée, pour près de 4800 entreprises suisses, comme un précieux relais entre les exigences légales et les réalités du terrain. Tant le directeur de l’Agence, Frank Ruepp, que son responsable romand, Martin Kernen, ont pu souligner, en introduction à ce forum, la pertinence de son titre – « Le bon moment pour agir » – en raison des hausses des coûts de l’énergie mais aussi de l’entrée en vigueur prochaine de la loi sur le CO2 et de la loi Climat et Innovation (LCI), deux lois qui introduisent des incitations pour les entreprises à s’engager rapidement sur la voie de la décarbonation.
Entraînements électriques, batteries…
Ce 23e forum AEnEC a apporté, comme les précédents, des éclairages sur quelques-uns des moyens d’action les plus actuels, avec des orateurs provenant de fronts « chauds ». Ainsi, le professeur Andrea Vezzini, directeur du Centre Stockage d’énergie, HES bernoise, a détaillé les perspectives d’amélioration dans l’efficacité des entraînements électriques industriels, à la fois au niveau du matériel, de son dimensionnement et, plus important encore, de l’optimisation de son fonctionnement selon les besoins réels. Il s’agit d’un enjeu majeur pour économiser de l’énergie et des coûts sachant que pompes, ventilateurs et autres équipements entrainés par des moteurs électriques peuvent représenter jusqu’à 80 % de l’électricité consommée par une entreprise ! Sa collègue co-directrice, la professeure Priscilla Caliandro, a évoqué un autre maillon crucial de la transition énergétique et de la décarbonation : le stockage à court terme de l’énergie par l’intermédiaire de batteries, qu’elles soient dévolues à la mobilité ou à des applications stationnaires. Ce domaine de recherche est le versant complémentaire des solutions de stockage d’une saison à l’autre de l’énergie issue d’une production renouvelable – stockage notamment sous forme de gaz de synthèse.
Tourner en rond judicieusement : l’économie circulaire
Si l’AEnEC s’est dans un premier temps concentrée sur l’énergie, sa récente prestation « Gestion efficace des ressources » étend désormais ses modèles d’action à la gestion de l’ensemble des ressources et à une promotion de l’économie circulaire. Spécialiste de ce domaine, Nadja Lavanga, conseillère AEnEC et ingénieure chez Intep – IntegralePlanung, a offert un tour d’horizon des législations au niveau européen et suisse qui tracent la voie vers cette économie repensée, vers des bouclements de cycles de matières et d’énergie, vers la neutralité carbone. C’est d’ailleurs un bel exemple d’économie circulaire qui a conclu le cycle d’exposés du matin : Raphaël Broye, fondateur et directeur de Panatere S.A., a expliqué comment son entreprise recycle en circuit court des déchets métalliques industriels sans eau ni rejet et sans énergie autre que celle du soleil, concentrée par des réflecteurs. L’acier ainsi recyclé présente un bilan CO2 165 fois meilleur que celui, « neuf », obtenu après extraction du minerai en haut fourneau et affinage de la fonte. Panatere S.A. croule aujourd’hui sous les demandes, l’économie circulaire fait peu à peu son chemin.
Le bon équilibre entre théorie et pratique a été assuré également par les ateliers qui ont suivi, appuyés sur des exemples concrets. Il a été question cette année de la décarbonation vue de deux entreprises et de l’optimisation des entraînements électriques – encore ce domaine très actuel, porté par le programme INCITE de la Confédération auquel l’AEnEC est associée. Il a été aussi proposé aux participantes et participants la visite d’un laboratoire de recherche sur les batteries et l’hydrogène, ainsi qu’un échange direct avec des représentants de l’OFEV, questions & réponses autour de la nouvelle loi sur le CO2…
La journée s’est conclue par un exposé de Claude A. Stettler, de la Fondation Digger, dont la vocation est d’offrir « un déminage humanitaire sûr, rapide et économique ». Le conférencier a pu souligner ce point commun entre la Fondation Digger et l’AEnEC : convaincre de l’urgence à agir. Comme un retour au titre de ce forum, « le bon moment pour agir » !
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25.10.2024